Consultation

XIX, folios:139 140
Arlaud, Jean, seigneur de Névache alias Jean-Louis Borel, dit La Casette
M. de Gordes
Lettre non liée
21/10/1572
Grenoble
Exilles

Transcription

Les mots surlignés font l'objet d'une note

1

Monseigneur, je vous ay escript mon advis sur ce qu’il

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vous avoit pleu me comander pour le regard de reduyre

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ceulx de Pragella ; et despuys sont arrivez deux

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de leurs depputez devers moy, me priant les conseiller

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comment se doibvent gouverner ; et si tost que leur ay

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ouvert le chemin de chasser leurs ministres,

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m’ont resolu qu’ilz ne le feront jamais et qu’il y a

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si long temps qu’ilz sont en leur relligion qu’il est

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impossible d’en revocquer le peuple. Et leur

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ayant desclairé qu’ilz seront enfermez s’ilz

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n’obeyssent et qu’ilz seront privez du commerce de tous

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coustez, s’en remectent au plaisir de Dieu.

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Et quand on leur parle qu’on y fera des fortz,

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s’excusent qu’il n’y aura pas vivres pour les

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entretenir et qu’on sera contrainct à la longue

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de les abandonner, ne regardant que au bout de

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leur nez. Toutesfoys, c’est tout ce qu’ilz craignent

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et quoy qu’il soit, ilz ont belle peur, car deux de

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leurs ministres qui estoyent de sez valéez deçà,

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despuys huict jours ont vendu de leur bien pour

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deux mil escus, à mon grand regret pource qu’ilz

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sont meschantz et cella eusse faict ung coing

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desdits fortz. Lesdits depputez sont retournez

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[v] vers leurs gens et m’ont demandé asseurance pour

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quatre ou six de leurs principaulx chefz pour me

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venir parler, ce que leur ay accordé, pour veoir ce qu’ilz

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me vouldront dire, et vous advertirey incontinent.

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Pour le moingz, cella me faict bien croyre qu’ilz

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ont estez mal receuz de vous, car ne se reduyeroyent

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à ce chemin icy. Vous suppliant au demeurant, Monseigneur,

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me fère ordonnance comme cognoistrés raisonnable sur le

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contenu en ma requeste pour les ustencilles contre ses

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bones gens de Sezane et de Sallabertan, qui sont la moytié

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figue et moytié raisin, comme leurs actions en feirent

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tousjours foy ; et c’est pour le temps de la guerre,

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que sont deux ans que je leur demande, me tenent

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content des autres, pource qu’ilz y ont procedé

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en bonne foy. Il vous plaira aussi avoir esgard

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au boys de La Garde. Et tochant ad ce qui

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me remonstres que ceulx de Briançon et autres se contentent,

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je larrey à le vous dire de bouche, s’il vous plaist,

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par Augustin, pour ne vous envoyer par trop grande

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lettre, nous recomandant humblement à votre bonne grace

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pour recharger à monsieur du Chastellard pour

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nous arreirages et pour nous fère restablir

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avec votre faveur à nous estatz acoustumez,

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[140] et vous serons tousjours de plus obligez et tenuz

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de prier Dieu pour votre prosperité, comme faiz

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d’aussi bon cueur

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Monseigneur, que apprès vous avoir très humblement

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baisé les mains, vous supplie encores ceste foys

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me comander comment nous conduyrons vers ceulx de

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ses cartiers qui vont au presche en Pragella

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et s’excusent y aller pour autres negoces, et

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de treuver s’il n’est parlé comme oppinion du monde

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ne se peult pource qu’ilz ne s’accuseront l’ung

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l’autre, et aussi si je doibz aller prandre

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des ministres, ce que je ferey, Dieu aydant,

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mais suis asseuré qu’il faudra combatre,

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d’aultant qu’ilz preschent comme Moyse les armes

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en main et ne vouldroys exceder rien de votre

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volunté et comandement. D’Exilles, ce XXIe octobre

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1572.

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Votre très humble et

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très hobeyssant serviteur

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La Casette

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